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Historique

L'histoire de la chapelle serait intimement liée aux seigneurs de Kergoz qui possédaient toutes les terres du Guilvinec, les fermes et les trois moulins (Kerfriant, Kergoz et Lostandro). Ils aimaient se faire appeler "Seigneurs de Saint Trémeur" et avaient des prééminences et droits importants sur cette chapelle : ce qui laisserait à supposer qu'ils en furent les fondateurs.

Sa construction est attestée fin XVème siècle car en 1490, à Penmarc'h sur les registres des navires de commerce, apparaît le nom de "Saint Trémeur", en référence vraisemblablement à cette chapelle toute proche, comme "Saint Guénolé" pour l'église de Saint Guénolé, "la Madeleine" pour cette chapelle dans la campagne de Penmarc'h  et plus tard "Saint Nonna" pour la belle église de Penmarc'h.

A cette époque, le manoir de Kergoz appartenait à la famille Penanlen qui blasonnait "d'argent à son arbre de pin de sinople à trois branches dont les deux premières soutiennent un oiseau d'or".

C'est autour de ce lieu saint que s'est partiellement organisée la vie religieuse du Guilvinec, certains actes allant jusqu'à utiliser l'expression de "Trève et parcelle Saint Trémeur". Cette dénomination est impropre car l'oratoire ne disposait que d'une autonomie très limitée, aucun desservant ne résidant à demeure et les paroissiens faisant enregistrer les baptêmes, mariages et inhumations sur les registres de catholicité de Plomeur. Hormis en ces circonstances, une messe basse est célébrées à Saint Trémeur les dimanches et fêtes, le jour anniversaire du sacre et à la saint Marc, pour laquelle messe le clergé paroissial est annuellement dégrevé par la fabrique pour une somme variant entre 15 et 20 L par an.

Les comptes de fabrique, conservés (avec des lacunes) pour les années 1753-1784 permettent d'entrevoir la vie de la communauté. Le fabrique ou fabricien est désigné tous les ans par le général de la paroisse (c'est à dire l'assemblée paroissiale). Comme les chefs de famille assurent cette charge à tour de rôle, on voit se dessiner le ressort de la chapelle. Tous les fabriciens déclarant "ne savoir signer", l'authenticité des comptes est gagarntie par la signature d'un sieur "Arnoult, paroissien", locataire pour 3 L d'un bien de la fabrique, "Penn ar Lorziou".

Les revenus de la fabrique peuvent se décomposer en trois tiers de valeur à peu près égale :

  • un premier tiers est constitué des rentes en argent et en nature pour la location de quelques parcelles,
  • le second tiers des quêtes en nature,
  • le dernier tiers des offrandes en espèces.

Les dons et prélèvements en nature représentent environ 60% de la charge. Boisseaux de froment, d'orge et de seigle étaient vendus aux enchères à l'issue des offices, ce qui contribuait à l'irrégularité des revenus. C'est ainsi qu'une rente de 4 boisseaux de seigle pour Kerlourdec rapportait 22 L en 1753, mais seulement 15 L l'année suivante. La même distorsion existait pour les offrandes qui rapportaient 61 L en 1761 et seulement 29 L l'année suivante. Peut-être peut-on établir une corrélation entre le générosité des fidèles et la clémence ou la dureté des conditions d'existence. Des ressources extraordinaires (vente d'un essaim d'abeilles en 1761, magasinage d'eau de vie "avec permission du recteur" en 1764) apportent quelques revenus d'appoint.

Les dépenses sont affectées pour près de la moitié au clergé local soit sous forme de casuel, soit sous forme de prélèvement du recteur sur le tiers des offrandes. Le reste est consacré à l'achat d'objets de culte (cierges, corde pour la cloche, un catéchisme, une chasuble ...), à l'entretien de la chapelle (chaulage, réparation des verrières notamment) et aux droits divers à honorer.

Bon an mal an, une gestion prudente dégage un reliquat important (environ 50 % des revenus) qui est déposé au coffre-fort des archives paroissiales, prêté au général de la paroisse (72 L) ou donné en 1761 (99 L) comme participation à la construction de la nouvelle église de Plomeur. Cette société où l'essentiel des paiements se fait en nature et qui ne recourt à aucun crédit est exemplaire d'un mode de vie autarcique peu engagé dans le cycle de l'industrie et des échanges.

Cette tentative d'organisation d'une structure religieuse autonome prit brutalement fin à la révolution, la vente des biens de l'Eglise, proposée dès le début de la révolution pour remplir les caisses de l'Etat, commença à Plomeur en 1791. Suite à la constitution civile du clergé, les biens de la fabrique furent vendus comme biens nationaux. La chapelle Saint Trémeur fut acquise par Yves Calvez, mais pas à sa vraie valeur, le 14 Thermidor de l'an IV, "un ramage de terre aux issues de l'église Saint Trémeur" acheté par Roussin et Marie Loysel, veuve Fabre, le 17 Thermidor de l'an IV (1796). La chapelle et le culte de Saint Trémeur entrent dès lors dans une période de désaffection, au point de menacer de s'écrouler sous le premier empire, en 1806.

Mais ce n'est que dix ans plus tard, le 13 décembre 1816, que le recteur de Plomeur, le chanoine Morvan, écrit à son confrère, le chanoine Leclanche, secrétaire de Monseigneur l'évêque de Quimper :

"... il y a encore deux chapelles sur ma paroisse qui sont en très mauvais état, l'une dédiée à saint Ambroise et l'autre à saint Trémeur martyr. Les habitants du pays ont une grande dévotion à cette dernière et ils désirent tous, non seulement ceux de ma paroisse, mais encore ceux des paroisses voisines, qu'elle soit rétablie ; l'acquéreur l'a abandonnée depuis longtemps. On m'a dit que monsieur Siner, ancien recteur de Plomeur, à son retour de l'Espagne avait projeté de la réparer ; mais il fut nommé à la cure de Gouesnou et la chapelle reste in statu quo. Si cette chapelle était en ordre elle pourrait dans la suite procurer quelque secours au séminaire ; en conséquence si monseigneur me permettait de démolir la chapelle de Saint Ambroise qui est très petite et en mauvais état et qui sert de grange à un particulier du village où elle est située (cette chapelle était dans l'ancienne paroisse de Beuzec-Cap-Caval, en Lezinadou, en ruine en 1806, aujourd'hui détruite) sans qu'il ait nul droit sur elle puisqu'elle n'a pas été vendue pendant la révolution ; alors je pourrai facilement, avec les ardoises et la charpente que j'ôterai de dessus cette petite chapelle, réparer celle de Saint Trémeur sans qu'il me coûterait beaucoup, où il ne manque non plus de réparations urgentes qe sur le toit et les vitrages. Pour rétablir cette chapelle, on n'aura besoin de nul secours ni de la fabrique, ni de la commune, car je suis déjà assuré de deux cents francs et on m'a fait offre aussi de six ou sept pieds d'arbres, preuve que les habitants ont beaucoup de dévotion pour cette chapelle, et je suis très persuadé qu'il n'y a pas un seul individu dans la paroisse qui ne désire de la voir rétablie... "

Il fit bien puisque l'année suivante elle fut restaurée et le chanoine tint parole car les comptes de la fabrique font apparaître des versements au séminaire correspondant au tiers du reliquat (7,50 L en 1818 et 23 L en 1821).

Ce ne fut pas sans discussions et protestations de la part du Conseil de Fabrique de Plomeur que Saint Trémeur devint en 1883 chapelle de la nouvelle paroisse du Guilvinec dont elle n'est distante que d'un kilomètre et demi.

Le 8 février 1879, les conseillers de fabrique de Plomeur consultés par l'évêque sur l'opportunité de l'érection d'une paroisse au Guilvinec, lui fournirent les renseignements suivants :

  1. La chapelle de Saint Trémeur n'est pas dans la circonscription du Guilvinec.
  2. Elle est à  une forte distance de cette localité, et quelques sentiers seulement y conduisent.
  3. La chapelle est sans meubles, sans ornements, ni sacristie ; elle est insuffisante pour la population du Guilvinec si elle n'est pas desservie par un prêtre ; il n'y a pas non plus de cimetière.
  4. Il serait à désirer que le Guilvinec s'érigeât d'abord en commune, laquelle, maîtresse de ses ressources, pourait bâtir une église en bois sur le terrain que lui propose gratuitement Monsieur Le Delious, de Pont l'Abbé. Au moyen des offrandes et du produit des chaises, l'Eglise serait en peu de temps à même de venir au secours de la commune pour ériger une église plus convenable.
  5. Le ministère, pour être fructueux au Guilvinec, demanderait la présence de deux prêtres, un seul n'obvierait pas aux inconvénients pour la messe qui s'y dit actuellement tous les seconds dimanches et durant le temps de la pêche tous les dimanches.
  6. La population de Plomeur n'excèderait pas celle de Plobannalec ou de Penmarc'h et deux prêtres y seraient suffisants.

Saint Trémeur fut cependant détachée de Plomeur, tout au plus le trésorier de la fabrique Sébastien Souron, qui habitait Kerarun, réussit-il à conserver ce village à Plomeur.

Après l'érection du Guilvinec, le 6 avril 1880, en commune autonome, la chapelle fur promue au rang de chapelle paroissiale par décret du 20 août 1883 jusqu'à l'achèvement des travaux de l'église paroissiale Sainte Anne dont la bénédiction eut lieu le 11 septembre 1887.

Revenue par la suite au rang de simple chapelle, dont le pardon est célébré le deuxième dimanche de juillet, elle aura cependant le privilège d'être inscrite à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques par arrêté ministériel du 4 mars 1935.
Mais quand Jean-Baptiste de Coataudon prend ses fonctions de retour au Guilvinec, le 4 septembre 1883, il ne pourra que constater les outrages du temps : "elle fait eau de toutes parts" selon ses dires.

Il faudra cependant six longues années avant que la toiture ne soit terminée, le 1er juillet 1889, après des travaux sur la charpente et la pose de vitraux translucides cathédrales et roses.

D'autres travaux d'entretien, dont le coût s'élève à 2891,65 F, seront à nouveau nécessaires 40 ans plus tard et aboutiront grâce à une souscription : restauration du maître autel et de sa plate forme, nouvelle toiture, peinture, protection des vitraux par un grillage.

La fée électricité y fait son apparition en juillet 2007.